Le 8 janvier 2020, une alerte par mail nous signalait des cas de pneumonies liés à un nouveau virus dans la ville de Wuhan ;
Effectivement au 3 janvier, les autorités chinoises notifiaient à l’OMS 44 cas dont 11 dans un état critique. L’hypothèse d’un nouveau
coronavirus planait, néanmoins la dépêche « Edisan » du 8 janvier notait une transmission interhumaine qui « parait actuellement
faible ».

Ce mail est un sujet de blague : un voyageur à Perpignan de retour de Wuhan même si ils sont 11 millions d’habitants : peu de risque !
Moi-même je me suis surprise à témoigner aux patients au début 2020 que cette infection n’était pas inquiétante…

Néanmoins début mars 2020, l’expérience italienne nous impose les faits : une épidémie massive rapide touchant les sujets âgés mais
aussi plus jeunes, nécessitant rapidement un accès hospitalier pour la plupart d’entre eux dès la dépendance à l’oxygène. La durée
d’infection reste plus longue que la plupart des viroses ; elle est associée à des complications comprises au fur et à mesure : détresse
respiratoire inattendue, embolies pulmonaires, complications neurologiques…

Le centre hospitalier de Perpignan a réussi à réorganiser l’accueil des patients « covid » dans des unités dédiées lors des différentes
vagues épidémiques, à inaugurer un centre de dépistage des patients suspect de COVID 19 puis début 2021 débuter la campagne de
vaccination.

La gestion de la crise liée au virus covid 19 dans les Pyrénées orientales est l’implication et la collaboration avec la ville. Nous avions
déjà l’habitude de travailler ensemble notamment autour du bon usage des antibiotiques. Le maillage déjà fonctionnel du réseau des
soignants de ville s’est retrouvé renforcé. Auprès des médecins de ville, un accès téléphonique dédié permettait de discuter de chaque
cas suspect et de proposer une conduite à tenir. Lors de la première vague, l’appel téléphonique aux patients restés au domicile mais à
risque de complication, permettait d’évaluer la situation et au besoin de mettre en place un suivi infirmier au domicile. Les médecins de
ville ont été fortement associés à l’accueil, l’évaluation et les prélèvements des patients suspects de covid; naturellement les infirmiers
ont géré le suivi des patients pris en charge au domicile. Cette infection nouvelle à évolution imprévisible imposait une surveillance
des paramètres respiratoires. Dès lors, ces soignants ont permis de dépister les signes d’épuisement respiratoire lors du début de la
maladie pour indiquer une éventuelle prise en charge hospitalière.

Lors de la sortie d’hospitalisation, les patients sont amaigris, affaiblis, épuisés, souvent dépendants à l’oxygène. Le poumon est un
organe noble, et le chemin de la guérison est très long. Un suivi infirmier permet la réautonomisation progressive des patients et l’appui
psychologique dont la plupart ont besoin.

Nous sommes en 2021 : après avoir essuyé déjà trois vagues successives et le début de la campagne de vaccination. Malgré la
lassitude liée aux contraintes sanitaires, la meilleure connaissance de cette infection a permis de connaitre les situations où les
patients peuvent rester à la maison ou en institution. Il est primordial d’avoir un soignant au domicile du patient pour évaluer la maladie
mais surtout indiquer les mesures barrières qui restent indispensables et sont difficiles parfois à appliquer chez soi. Porter un masque
chez soi, se laver les mains, manger seul pour éviter la transmission de l’infection restent des messages théoriques que seul le
soignant peut mettre en pratique chez le patient.

Aurélia EDEN
Médecin Infectiologue Service des Maladies Infectieuses et Tropicales CH Perpignan
Article pour MEDEO FORMATION

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